Passer du solo au duo n’est pas toujours simple au quotidien: les «jeunes mariés» le savent bien, notamment ceux qui se marient tardivement, après des années de vie solitaire et d’habitudes prises. Et pourtant, ils sont boostés par l’émerveillement amoureux et toute l’énergie, la patience et l’optimisme qui se dégagent de cette vie à deux. On peut aisément comprendre que passer du duo au solo, à l’inverse, soit difficile et douloureux. Non seulement, on est constamment confronté à toutes les habitudes quotidiennes que l’on a prises et qu’il faut changer, mais on se retrouve surtout face à un manque terrible. Qu’il s’agisse d’un veuvage ou d’une séparation, le rêve initial d’une vie de bonheur à deux est brisé, stoppé dans son élan. Si, au début, on refuse d’y croire, le temps passant, le deuil se fait petit à petit. Retrouver un équilibre personnel et familial, gérer cette nouvelle parentalité sont autant de nouveaux défis.
Le deuil se fait petit à petit
Parmi les «nouveaux solos», les jeunes femmes veuves mères de famille sont trop souvent oubliées, tant les célibataires et les divorcées sont aujourd’hui plus nombreuses. Les veuves vivent une souffrance spécifique, mal reconnue. Souvent, elles ne sont pas assez soutenues. Parfois même, elles font peur. On les évite comme si la mort ou le malheur étaient contagieux! L’entourage est paralysé par la brutalité de la mort et par sa propre révolte devant le destin des orphelins. Seule (ou seul) avec de jeunes enfants: comment continuer la route? Dans un premier temps, les enfants sont, par leur présence et leurs besoins, des moteurs de vie. Il faut s’accrocher pour eux, avec eux. Tâche épuisante que de faire face, seule et dans l’état d’abattement dans lequel on se trouve. Mais c’est un effort qui a du sens et assure la continuité de la vie.
Un équilibre fragile
Puis, avec le temps, s’installe un nouvel et souvent fragile équilibre. La monoparentalité pose questions. Faut-il essayer d’être à la fois père et mère? Comment accepter ses limites et laisser une place vacante? Comment éviter de former un cercle fermé avec l’unique enfant, une sorte de tandem où chacun veut «sauver» l’autre? Ou quand les enfants sont nombreux, comment trouver le temps et l’énergie pour exister aussi en tant que femme et pas seulement mère? Survivre, puis vivre: un parcours qui a besoin, de la part de l’entourage, d’un soutien matériel, psychologique, affectif et aussi spirituel. Celui qui est la Source de la vie marche aussi avec nous et nous accompagne à chaque étape. Nicole Deheuvels, pasteur, conseillère conjugale et auteur pour le magazine Family